Le retour d’un enfant d’Arlebosc, mort pour la France, après 103 ans d’absence.

Ils sont venus très nombreux au cimetière d’Arlebosc (07), en cet après-midi ensoleillé du 11 Novembre, les descendants de Louis Grangier. Plus d’une centaine de neveux, nièces, petits-neveux et petites-nièces souhaitaient être présent à l’occasion du retour sur sa terre natale de ce jeune soldat mort le 29 septembre 1918 à Sainte-Marie-à-Py.

Mort pour la France et disparu à jamais

À cette période se tient l’offensive française en Champagne-Argonne qui contribuera, avec l’ensemble des autres offensives sur le front, à la victoire finale et à la signature de l’armistice le 11 Novembre, dans un wagon de Rethondes, en forêt de Compiègne.

Le 22° régiment d’infanterie est engagé dans le secteur de Suippes (51) dans les environs de la commune de Sainte-Marie-à-Py. C’est un régiment qui a participé depuis le début de la guerre aux batailles parmi les plus terribles : Verdun, le Chemin des Dames, en particulier le fort de la Malmaison.

Parmi les soldats de ce régiment se trouve le 2e classe Louis Grangier, incorporé en mai 1917, versé dans cette unité en mai 18, jeune cultivateur originaire de la commune ardéchoise, qui venait de fêter ses 20 ans le 8 septembre. Il meurt au cours de combats acharnés face à des troupes allemandes sur le recul.

Déclaré Mort pour la France, il est pour autant un soldat fantôme car disparu. Il a été inhumé rapidement par ses frères d’armes dans un trou d’obus, mais l’emplacement ne sera jamais retrouvé. Seul son nom gravé au frontispice du monument aux morts communal rappelle son sacrifice.

Un événement inespéré, un espoir retrouvé

Le 21 juin 2019, de violents orages s’abattent sur la commune de Sainte-Marie-à-Py. Au milieu des dégâts et de glissements de terrain, un agriculteur découvre dans un de ses champs plusieurs ossements et averti aussitôt Mme Brigitte Chocardelle, maire de la commune.

Le travail archéologique, mené sur place par l’archéologue Yves Desfossés, en étroite collaboration avec le service de l’ONACVG pour l’entretien et la rénovation des sépultures de guerre du secteur de Suippes, permet d’identifier au moins un des soldats grâce à sa plaque militaire, Louis Grangier.

L'hommage des siens

Une veillée a été organisée pour marquer le retour de ce jeune soldat, et ce 11 novembre 2021 à 15h30, au cimetière, la commune, accompagnée par la délégation militaire départementale et l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre, a honoré lors d’une cérémonie militaire cet enfant d’Arlebosc. Son retour sur sa terre natale après une absence de 103 ans, s'est effectué en présence de sa famille, du préfet de l’Ardèche, de nombreux élus et personnalités et d’un public important.

Par son allocution, le maire, M. Michel Gay, lui aussi descendant de Louis Grangier, a pu enfin l'accueillir au nom de sa commune et de sa famille pour son retour resté longtemps sans espoir.

Le drapeau du 22e RI et un piquet d’honneur du groupement de soutien de la base de défense de Lyon, dépositaire des traditions de ce régiment dissout en 1968, étaient sur les rangs. L'hommage de « ses frères d'armes dans le temps » comme l'a souligné dans son discours le lieutenant-colonel Nourry, délégué militaire départemental.

De l'Ardèche à la Marne, une boucle enfin bouclée

À l’issue de l’inhumation dans le caveau (pris en charge par la commune) et dans l’intimité familiale, la famille a reçu des mains du préfet les décorations à titre posthume (Médaille militaire, Croix de guerre avec étoile de bronze et médaille commémorative 14-18) et les effets personnels de ce poilu de 14-18, dont sa plaque d’identification militaire.

L’émotion a été au rendez-vous, les retrouvailles ont été fortes : de retour de la Marne, Louis Grangier repose enfin chez lui.

ONACVG – Services départementaux de l’Ardèche et de la Marne –

Crédits photographiques : SD 07